mercredi 26 octobre 2011

Les marches du pouvoir


     Six ans après l’excellent Good night and good luck, George Clooney repasse derrière la caméra pour nous présenter à nouveau un film politique adapté d’une pièce de théâtre de Beau Willimon. Le titre original du film, The Ides of March, donne le la en faisant référence à l’assassinat de Jules César pendant les Ides de Mars en 44 avant Jésus-Christ. Le film nous présente en effet des puissants contemporains sur le devant d’une scène politique dans les coulisses de laquelle se joue une véritable tragédie. Stephen Meyers, joué par Ryan Gosling, est un jeune conseiller surdoué au service du sénateur démocrate Mike Morris, incarné par George Clooney. À quelques mois des élections présidentielles, la campagne des primaires démocrates bat son plein. Stephen travaille d’arrache-pied pour soutenir Morris qu’il considère sincèrement comme étant le meilleur des deux candidats. Pourtant, il va se heurter malgré lui à la noirceur du monde politique, avec tout ce qu’il peut contenir de manipulations, de coups bas, et de désillusions.
     On peut regretter quelques instants le regard peut-être un peu trop cynique que George Clooney porte sur la politique américaine, lui qui est pourtant fervent démocrate dans la vraie vie, ainsi que la parabole sur le pouvoir et l’ambition, gentiment acerbe. Mais on comprend vite que ce que le film a de plus passionnant se joue dans la relation entre le personnage joué par Gosling et celui joué par Clooney. Le sénateur Morris, pourtant sur toutes les affiches, les bus de campagne, les pancartes plantées dans les jardins, n’est jamais placé au centre du récit. Il évolue dans l’ombre, tandis que le jeune conseiller en communication, travaillant pour sa part en coulisse, est exposé en pleine lumière. Il semblerait que Clooney ait décidé, en adoptant cette posture dans son dernier film, de passer le flambeau à Ryan Gosling, star montante de Hollywood.
     Si Les marches du pouvoir est un véritable thriller, avec tous les ingrédients du genre assaissonés à la perfection, il n’en reste pas moins que c’est un film un peu lisse, que l’on a presque l’impression d’avoir déjà vu. Ryan Gosling campe honnêtement le jeune conseiller aussi doué qu’idéaliste, George Clooney est très bon en puissant avançant dans l’ombre, les seconds rôles sont exemplaires (très bonne Marisa Tomei en journaliste véreuse et excellent Phillip Seymour Hoffman en directeur de campagne loyal et un peu désabusé), mais l’intrigue, pourtant bien ficelée, donne l’impression d’un énième film sur la faiblesse des dirigeants. Peut-être est-ce parce qu’il colle trop à l’actualité, entre campagne des primaires et scandale sexuel ?
     Malgré tout, Les marches du pouvoir est un film mordant brillament construit et exécuté qui s’ouvre et se ferme en miroir par un plan serré sur le visage de Ryan Gosling. Entre ces deux plans qui figent deux expressions très différentes et sans équivoque, il ne s’est déroulé qu’une heure et trente-cinq minutes. Preuve, s’il en fallait encore, que George Clooney a réussi un film précis, nerveux, habile et surtout incisif. La vraie classe américaine. 


Les marches du pouvoir de George Clooney
Durée : 01h35
Sortie le 26 octobre 2011

4 commentaires:

  1. bien envie d'aller le voir après avoir vu drive avec ryan gosling.
    dans le genre coulisse du pouvoir, ya à l'affiche en ce moment "l'exercice de l'état" j'ai trouvé ce film excellent, les acteurs sont tip top et le rythme est fulgurant

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  2. Râh ! Je découvre ton nouvel espace et il me plait beaucoup. J'ai aussi une carte de cinéma et je passe beaucoup de temps dans le noir... Même si j'en parle moins bien que toi ! Je repasserai !

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  3. Je partage ton avis sur ce film: de très bon acteurs, un scénario convaincant mais qui sent le déjà vu et gache un peu l'ensemble.

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  4. Je suis d'accord avec toi, c'est du bel ouvrage, mais un peu trop lisse et convenu

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